On ne prenait l’islam que pour une religion. En ce début de ramadan, la publicité nous rappelle que l’islam est d’abord un marché, et le musulman un consommateur. La preuve? Le marché de la bouffe halal est en plein boum. Tous les journaux qui ont traité le sujet insistent sur le fait que le marché du halal représente deux fois le marché du bio. Les musulmans, qui ne pèsent pas grand-chose en France, peuvent au moins se réjouir de peser 5 milliards. C’est l’estimation en euros du marché du halal. En quoi le marché du halal est-il comparable avec le marché du bio? Manger bio n’est pas une obligation religieuse. Le seul point commun du marché bio et du marché halal, c’est qu’ils sont tous les deux des marchés marginaux. Des niches. L’islam est perçu par les journalistes et les industriels de l’agroalimentaire comme une niche commerciale, mais une grosse niche… Soit.
Les musulmans en France sont donc d’abord des consommateurs, ils sont ensuite des croyants. On peut déplorer qu’ils ne soient que très rarement considérés comme des citoyens. Mais bon, on va dire qu’au nom de la laïcité il vaut mieux préférer être pris pour un consommateur que pour un croyant… Un jour, lorsque la démocratie l’aura remporté sur le marché, tout le monde accédera peut-être au rang de citoyen.
Le problème avec cette histoire de marché du halal, c’est, évidemment, que la publicité fait la promotion d’un mode de mise à mort de l’animal particulièrement dégueulasse. Luce Lapin a déjà largement parlé dans sa rubrique du scandale de l’abattage rituel musulman et juif. Un décret autorise les musulmans et les juifs à égorger les animaux sans préalablement les étourdir.
L’autre problème que pose la publicité pour les produits halal, c’est qu’on a affaire autant à une publicité pour un produit qu’on a affaire à la promotion d’une religion. La marque Isla Délice a lancé une campagne d’affichage dont le slogan est « Fièrement halal ». Sur une affiche, un poulet, sur une autre, un bœuf. On suppose que ce ne sont pas les deux animaux qui sont fiers d’être égorgés en direction de La Mecque, mais que ce sont les croyants musulmans qui sont fiers de becqueter des bestioles massacrées religieusement. Peut-on faire sur 6000 affiches du prosélytisme religieux? Une marque d’agroalimentaire, une église, un particulier peuvent-ils engager les gens à devenir des pratiquants religieux? On sait bien qu’Isla Délice cherche moins à convertir les esprits que les porte-monnaie, mais le résultat est le même : des affiches font de la retape pour l’islam. Va-t-on bientôt nous demander par voie d’affichage d’aller à la messe le dimanche ou de ne pas manger de viande le vendredi? Si on reconnaît les religions comme des entreprises commerciales, pourquoi pas.
Maintenant, amis athées, faisons un test. Éditons des affiches qui disent que le halal et le casher nous font gerber et proposons-les aux compagnies à qui appartiennent les panneaux publicitaires. Ou, tout simplement, affichons que nous ne mangeons ni halal, ni casher, ni poisson le vendredi et que nous en sommes fiers (oui, je sais, c’est idiot). Que croyez-vous qu’il se passera? on nous attaquera pour islamo-judéo-catholicophobie. Tant que l’athéisme ne sera pas un marché, il n’aura pas droit de cité à égalité avec les religions. Il faut dire qu’il n’y aurait rien de plus efficace pour discréditer l’athéisme que d’en faire un marché. Et manger athée, ça consisterait en quoi? À manger de tout. Sauf des betteraves rouges, parce que, ça, c’est trop dégueulasse.
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